Mains d’érudits (xvie-xxe siècles)

 

https://bibale.irht.cnrs.fr/img/main-erudit_300x300.pngCréé à l’intention des antiquisants, des médiévistes ou des modernistes que leurs recherches amènent à exploiter des papiers d’érudits (dissertations, correspondance savante, notes diverses), sources précieuses pour les informations qu’elles contiennent, mais dont l’utilisation est souvent rendue délicate par leur caractère anonyme et non daté, ce site propose aux chercheurs un album interactif de fac-similés d’écritures anciennes et des outils de recherche destinés à faciliter l’identification des écrits anonymes des savants de l’époque moderne.

 

 

On sait quel profit les catalographes, les historiens, les philologues ont pu tirer des albums d’autographes et autres recueils de spécimens d’écriture réunis par plusieurs collectionneurs des xixe et xxe siècles, et ce que l’on a pu espérer d’un projet tel que celui de Henri Stein, dont l’Album d’autographes de savants et érudits français et étrangers des xvie, xviie, xviiie siècle (Paris, 1907) s’est malheureusement arrêté au premier fascicule, comportant moins de cinquante fac-similés. Le développement des recherches sur l’érudition moderne, et sur la correspondance savante en particulier, mais surtout la généralisation de la numérisation de manuscrits et d’archives conservés dans les bibliothèques patrimoniales nous permettent aujourd’hui d’identifier et de visualiser on ne peut plus facilement et à partir de reproductions de très haute qualité un nombre incomparablement plus important de « mains d’érudits », pour certains beaucoup moins célèbres que les grandes gloires de la République des Lettres, mais dont l’apport à l’histoire et à la philologie a pu n’être pas négligeable.

 

Dans sa première livraison, mise en ligne en avril 2021, le répertoire recense un millier de mains, pour la plupart de bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur (1618-1790) ou d’autres représentants de l’Europe savante. Il a été préparé dans le cadre d’un post-doctorat en Humanités numériques de l’Institut national des sciences humaines et sociales (2017-2019) et poursuivi à l’occasion d’un projet de recherche sur « Le Paris bénédictin du xviie siècle, carrefour de l’Europe savante » (2020-2023), financé par le programme Émergence(s) de la Ville de Paris, tous deux hébergés par l’IRHT. La réalisation de ce travail n’aurait pas été possible sans les diverses campagnes de numérisation des volumes de l’ancien « Fonds Saint-Germain » organisées par le Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France avec le soutien de l’ÉquipEx Biblissima (2014-2017), qui permet de profiter aujourd’hui de toutes les potentialités apportées par le recours au protocole IIIF.

 

Le répertoire, qui se présente sous la forme d’une base de données relationnelle, se compose de fiches prosopographiques fournissant pour chaque érudit susceptible d’être intervenu dans des manuscrits, médiévaux ou modernes, ou d’avoir produit lui-même des documents (mémoire, inventaire, transcription, notes, correspondance) les informations biographiques essentielles, une bibliographie mise à jour et un spécimen de son écriture (ou plusieurs, si celle-ci a subi d’importantes évolutions dans le temps ou s’il convient de distinguer pour un même homme, par exemple, une « main latine » et une « main grecque », etc.). Pour assurer l’attribution des mains, on a veillé à sélectionner les images presque exclusivement au sein de deux corpus présentant, grâce à l’apposition d’une signature, un excellent critère d’authenticité : la correspondance et les registres de prêt de la Bibliothèque royale et de la bibliothèque de Colbert ; les Archives modernes de la Bibliothèque nationale ont également permis d’ajouter les échantillons des mains de plusieurs conservateurs ou bibliothécaires.

 

La consultation du répertoire pourra se faire à partir d’une recherche par nom, mais également par des critères chronologiques ou géographiques. L’intégration, grâce à IIIF, d’un outil de reconnaissance de formes susceptible d’aider l’utilisateur dans son identification est actuellement à l’étude.

 

Toute contribution est bien sûr la bienvenue : les personnes intéressées peuvent nous faire part de leurs remarques ou nous transmettre des suggestions d’ajout (en veillant à fournir les informations essentielles sur le savant concerné et, si possible, une reproduction de son écriture) à l’adresse suivante : jeremy.delmulle@irht.cnrs.fr.

 

Jérémy Delmulle

 

             

  

Une interface dédiée de la base de données Bibale

La base de données Bibale accueille des données à propos des manuscrits et des livres imprimés anciens, particulièrement concernant leur provenance. La base est gérée à l'Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT-CNRS), notamment par la Section de codicologie, histoire des bibliothèques et héraldique et par le Pôle numérique. Elle est utilisée par de nombreuses bibliothèques patrimoniales françaises et par des projets de recherche en histoire du livre, des bibliothèques et des textes. Les données de la base Bibale peuvent être consultées dans leur ensemble, ou bien par le biais d'interfaces dédiées. Vous êtes ici sur une de ces interfaces dédiées.